L’aventure commence dès lors qu'on accepte de sortir de sa zone de confort...

Le lac Tekapo en Nouvelle-Zélande

Le lac Tekapo en Nouvelle-Zélande

samedi 29 octobre 2016

Ce que m’a apporté mon tour du monde

Nombre de voyageurs reviennent complètement transformés d'un voyage au long cours, au point d’opérer des changements radicaux dans leur vie (travail, lieu de vie, amis, etc.). A l’inverse, d’autres sont peu impactés par un grand voyage et ils reprennent leur vie en s’inspirant de la précédente. Mais je crois que la majorité des voyageurs (dont je fais partie) se situent entre ces deux extrêmes.

Dans le désert d'Atacama (Chili)
Lors d’un voyage au long cours, on remet en question des choses que l’on pensait évidentes, on découvre ce qu'on attendait mais aussi ce qu'on n'attendait pas, on apprend de nouvelles choses sur soi et sur la vie. Il y a des choses qui bougent à l’intérieur de soi. Le voyage est une opportunité d’apprentissage fantastique.

Mais peut-on réellement changer de personnalité du fait d’un long voyage ? Pas vraiment. En fait, c’est plus subtil que cela : on change notre vision des choses. On ne change pas qui l’on est, mais on change sa façon de se montrer aux autres, en assumant davantage qui on est. Donc si le voyage ne nous change pas, il nous fait quand même évoluer.


Ce tour du monde de deux ans m'a-t-il transformé ?

En ce qui me concerne, j’oscille entre deux impressions :
  • certains jours je trouve que j'ai gardé la même personnalité qu'avant mon tour du monde, que je suis le même Frédéric qu’avant (avec un peu plus de qualités et un peu moins de défauts qu’avant), j’ai l’impression que le voyage ne m’a pas « transformé » mais plutôt qu'il a clairement fait ressortir certains aspects de ma personnalité.
  • certains jours je me dis que ce voyage a été pour moi comme une deuxième naissance car d'une part cette expérience m’a ouvert l’esprit et m’a fait prendre conscience que tout est possible dans la vie, qu'un autre mode de vie est possible, et d'autre part je me suis découvert de nouvelles aptitudes (notamment une énorme endurance physique et mentale pour tenir ce rythme très soutenu durant 2 ans avec quasiment zéro maladie et zéro baisse de forme).
Il est certain que j'ai eu de nombreuses prises de conscience sur ce que je veux faire de ma vie personnelle et professionnelle, sur les gens que j'ai envie de fréquenter (ou ceux que j'ai envie d'éviter...). Ce voyage m'a apporté des choses simples mais tellement essentielles.


Voici donc une liste des apprentissages et des prises de conscience dus à mon tour du monde :

J'ai appris :
  • à mieux écouter les messages de mon cœur et de mon corps, à davantage faire appel à mon instinct et à mon intuition, bref à davantage vivre en pleine conscience (en particulier dans ma vie privée).
  • à observer le monde qui m'entoure avec plus de recul (mais du coup je suis devenu également plus critique concernant plein de comportements : l'arrogance, l'entre-soi, critiquer les gens par derrière, le matérialisme...). Mon seuil de tolérance par rapport à ça, qui était déjà bas, n’a fait que diminuer.
  • l'histoire et la géographie des lieux visités, les coutumes, les drapeaux et les monnaies...
  • à parler (relativement bien) la langue espagnole, ce qui m’a permis de beaucoup mieux profiter de mes 11 mois en Amérique latine.
  • à être un peu plus minimaliste, moins consumériste, à profiter davantage des petites choses du quotidien.
  • à être plus audacieux dans ma vie : en menant ce projet de voyage à bout avec tout ce que cela implique, j’ai pris un risque dans ma vie, au lieu de rester dans mon confort bien établi.
  • à beaucoup relativiser et à moins stresser. Un train en retard ? Un magasin qui n’ouvre qu’une demi-heure après l’heure prévue ? Un ami qui a une heure de retard ? Une grève qui m’empêche d’être à tel endroit au moment prévu ? Après tout, est-ce vraiment si grave que cela ?...
  • à apprécier à leur juste valeur les gens qui sont connectés à leurs émotions, et à me méfier de ceux qui se coupent de leurs émotions.
  • à développer une position d’humilité, notamment qu'il y a plein de choses que je ne sais pas encore, qu'il me reste plein de choses à découvrir.
  • à développer une position de non-jugement face aux différences culturelles (le jugement est une posture tellement courante en France et en particulier à Paris, donc le voyage au long cours est une excellente thérapie pour se défaire de cette sale habitude).

J'ai compris :
  • qu’en voyageant je me sens davantage libre et vivant, je suis plus disponible pour profiter des instants présents, des plaisirs simples et des rencontres.
  • que dans ma vie privée je dois prendre les choses comme elles viennent sans trop me prendre la tête : c’est en étant flexible et ouvert d'esprit, en osant sortir de ma zone de confort, que de belles choses peuvent arriver.
  • que le bonheur est en grande partie lié à l’action : ce n’est pas tant le résultat qui rend heureux mais surtout le fait d’être passé à l’action dans l’instant présent et en y mettant tout son cœur (par exemple s’élancer dans ce tour du monde). Mais pour entrer dans l’action, encore faut-il pouvoir / savoir dépasser ses peurs...
  • que les longs voyages ont ce pouvoir fascinant de changer le rapport au temps. Et le temps est sûrement la plus grande contrainte que nous connaissons dans nos sociétés occidentales. En voyage, l’horizon semble reculer en permanence, la perspective s’agrandir. Rien devant soi. Pas d’horaires. Pas d’impératifs. Pas d’obligations. Rien. Nada. Nothing. Si ce n’est celles que l’on accepte de se mettre soi-même.

J’ai développé :
  • ma souplesse et ma flexibilité, j'ai augmenté ma capacité à m'adapter à toutes sortes de situations imprévues et à tous types d'interlocuteurs.
  • mon aptitude à me laisser guider par mon intuition personnelle plutôt que d'agir sous la pression des peurs, des idées reçues et des conditionnements du passé.
  • ma capacité à ne pas me créer de soucis inutiles.
  • ma capacité à me déconnecter : je n’ai aucune idée des musiques actuelles, de ce qui passe au cinéma ou des nouveaux livres. Je sais que Noël arrive, mais c’est bien la dernière de mes préoccupations.
  • mon plaisir à apprécier les choses et les êtres tels qu'ils sont.
  • ma capacité à apprécier les sourires et la gentillesse des gens que je croise dans ma vie.
  • mon ouverture à la simplicité et à la gaieté.
  • mon sentiment d’appartenance à la communauté mondiale (même si se définir comme « citoyen du monde » fait un peu cliché)
  • mon sentiment de me sentir pleinement responsable de ma vie : ce que je suis et ce que je vais devenir dépend beaucoup plus de mes propres décisions que de facteurs extérieurs.
  • ma capacité à mieux sentir ce qui est bon pour moi, à aller vers le bon, le vrai et le vivant.
  • ma capacité à me respecter tout en respectant l’autre, à accepter de ne pas plaire à tous, à relativiser l’importance de l’approbation et du besoin de reconnaissance.

J’ai même acquis de nouvelles compétences qui pourront m’être utiles sur le plan professionnel :
  • parler la langue espagnole (je suis parti de zéro, et j’ai acquis un niveau de lecture et de conversation très correct).
  • solutionner des problèmes logistiques (par exemple trouver dans l’urgence une alternative pour rejoindre l’Argentine depuis le Chili alors que la neige avait provoqué la fermeture du col principal dans la montagne)
  • solutionner des problèmes de communication  (par exemple me faire comprendre par les familles mexicaines qui m’ont hébergé alors que elles ne parlaient pas anglais et moi pas espagnol puisque c’était mon premier pays d’Amérique latine).
  • développer mes qualités de persévérance et de détermination (ascension très difficile mais réussie de mon premier 6000 mètres en Bolivie).
  • développer le sens de l'écoute de mes interlocuteurs (dans chaque pays il y avait une façon de communiquer différente avec souvent un accent différent).
  • développer ma flexibilité et de mon adaptabilité pour faire face à des situations inattendues ou inhabituelles (utiliser des images pour communiquer avec les chinois, changer à la dernière minute tout mon itinéraire en Equateur pour tenir compte de la mauvaise météo)…

Et j’ai évolué sur tous ces autres points :
  • Toutes mes peurs ont fortement diminué (je ne veux pas dire que j’étais rempli de peurs avant, mais j’en avais comme tout le monde) : peur de l’inconnu, peur de la solitude, peur des difficultés financières, peur du futur, peur des autres, peur de l’insécurité, peur de la mort.
  • Ma confiance en moi a beaucoup augmenté (ça marche ensemble avec la diminution des peurs). Maintenant j’ai beaucoup moins d’appréhensions pour me lancer ou faire quelque chose d’un peu « fou » : j’ai remplacé le « et si ? » par le « on verra bien, et au moins je n’aurai pas de regrets ! »
  • Je me sens beaucoup plus zen et assuré, beaucoup plus ouvert et confiant : j’ai moins peur d’oser, j’ai moins peur de prendre des risques.
  • Je fais plus facilement confiance aux gens (par exemple je laisse plus facilement les clés de chez moi à quelqu'un que j'héberge pour quelques jours), j'ai découvert une autre façon d'être dans les relations humaines à travers l’extrême gentillesse des latino-américains.
  • Étrangement je suis revenu plus vulnérable, plus facilement touché (par la gentillesse et la générosité, mais aussi par la méchanceté). Débarrassé d'une partie de mon armure, presque désarmé face à la vie parisienne trépidante, moi qui me sentais souvent solide comme un roc.
  • Je me suis beaucoup éloigné de la société de consommation (ce n'était déjà pas ma tasse de thé avant ce long voyage). Je reviens de ce voyage en ayant acquis un certain goût du minimalisme. En vivant deux ans avec les seules affaires de mon sac à dos, en portant les mêmes vêtements et finalement en n’ayant besoin que des 20 kg de mon sac à dos, j’ai réalisé que l’on n’avait pas besoin de grand-chose pour vivre heureux (pour compléter, lire mon autre article sur le sujet). En long voyage, on apprend vite à se détourner du superflu et si l’on doit acheter une chose, on en laisse une autre derrière soi pour ne pas se charger. J’ai mis deux mois à défaire mes cartons en rentrant en France, car finalement je n’avais pas besoin de tout ce bric à brac. Une petite phrase que j'ai adoré, lue sur le blog d'une jeune alsacienne qui venait de rentrer d'un tour du monde : "Maintenant, quand mes copines me proposent d’aller faire du shopping, ça me donne envie de pleurer." : tout est dit ! 😃 J’aime bien aussi l’adage "ça ne sert à rien d’être le plus riche du cimetière"
  • J’ai mis moins de structure dans ma vie privée. Forcément, on a tous une vie plus ou moins structurée pour pouvoir faire toutes les choses que nous devons faire (amis, travail, loisirs…), en particulier dans une grande ville comme Paris. Auparavant, je planifiais beaucoup mes activités et sorties selon un agenda bien calibré. Tel jour ceci, tel jour cela. Il y avait assez peu de place pour l’improvisation. En voyageant, il est très compliqué de pouvoir tenir une structure bien ferme, de par les rencontres, les nouvelles opportunités, les  problèmes quotidiens du voyage, les envies du moment… J’ai appris à relâcher un peu la pression, à moins planifier, à être plus spontané. Car zut, déjà qu’au travail tout est calibré, alors si on se rajoute de la pression en dehors, la vie peut devenir vraiment triste et compliquée. C’est ce que j’ai voulu rééquilibrer : mettre plus de souplesse dans ma façon de m’organiser, marcher plus au feeling.

J'ai étanché ma soif de voyages

Ce long voyage était quelque chose qui me tenait vraiment à coeur. Un défi et un rêve que je croyais impossible. Je l’ai fait. J’ai probablement vécu les deux plus belles années de ma vie. Les souvenirs plein la tête me suivront toute ma vie. Bien sûr que j’ai toujours envie de voyager mais ce n’est plus comme avant (par exemple maintenant j'ai davantage envie de faire des voyages thématiques, notamment des voyages spirituels en Inde). J'ai étanché ma soif de voyages pour un bout de temps, je n'ai plus cette frustration de voyager. D’autres expériences et aventures m’attendent en dehors du voyage. Il se pourrait même que le voyage ne fasse plus partie de mes priorités. Mais au moins, j’aurai toujours ces souvenirs merveilleux et la fierté d’avoir accompli quelque chose de grand. Je dirais que j'ai moins de rêves de voyages mais plus de projets concrets : je cherche notamment à développer et à diversifier mes compétences professionnelles afin d'avoir plus d’autonomie et plus de choix dans les années à venir.


En conclusion…

Suite à ce voyage qui a changé certaines de mes habitudes, je commence à appliquer davantage dans ma vie la règle des 3 M : « Moins Mais Mieux ». En détail ça donne à peu près ceci : moins consommer de tout, moins remplir mon caddy, moins rouler (ça je le fais déjà depuis une dizaine d’années puisque je n’ai plus de voiture !), moins manger, moins fumer (ça je le fais depuis que j’ai arrêté de fumer il y a douze ans !), moins remplir mon agenda, moins cliquer, moins téléphoner, moins regarder la télé… pour vivre mieux, tout simplement. Prendre la pleine mesure de mon libre arbitre. Écouter mon corps. Le mettre en mode dynamique ou au repos, selon les moments. Me mettre en vacances (euh… oui mais pas tout de suite quand même, pour l’instant je n’ai pas envie de repartir, et puis d’abord je vais travailler et gagner des sous !). Prendre du temps pour moi. Profiter. Vivre pleinement le « ici et maintenant ».

Même si je suis resté le même Frédéric au niveau des grands traits de ma personnalité, je ne serai plus exactement le même qu’avant, je sens que mes prises de conscience vont me marquer pour longtemps. "J'ai pris quelques bonnes claques" comme on dit, mais pas des mauvaises claques, plutôt des claques positives au niveau du coeur. Humilité, confiance en soi, les leçons de vie d’une telle expérience sont innombrables. Il y a souvent une dimension initiatique et existentielle dans un voyage autour du monde, en tous cas pour moi ça a clairement été le cas : ça a ouvert des portes à l'intérieur de moi. Ce voyage m’a fait ouvrir les yeux, il m’a aidé à me recentrer sur les valeurs essentielles.

Pour aller plus loin, lire aussi mon article Les leçons de mon tour du monde, mon Bilan de tour du monde et mes Questions – Réponses.

3 commentaires:

  1. Très heureuse de voir que ton voyage t'a apporté tant de choses , je te souhaite le meilleur pour la suite de ta vie

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  2. voici une très belle conclusion pour ce voyage 'initiatique', accompagnée de superbes photos !

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  3. “Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais.” O.W.
    Bonne continuation !!

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